TEXTUM
Nombre de réalisations plastiques de Grégory Grincourt (né en 1975) prennent l’intitulé générique de « Structures installationniques sculpturiphores ». Explication? Celle-ci est en partie contenue dans les mots-valises qu’utilise l’artiste pour qualifier une œuvre en parfait accord avec sa singulière appellation. L’œuvre-type signée Grincourt est une installation en général signifiée par la multiplicité (objets différents, formes diverses, vocation polyfonctionnelle), porteuse d’une sculpture ou de ce qui en tient lieu (des carafes en verre soufflé sur les tables de l’installation Still a stylish steel still; une motocyclette suspendue à un palan dans l’installation Woody Wood Stock…). La cohérence des parties ou l’unité de style n’intéresse guère l’artiste: ici tout s’invite, tout fait forme, tout peut être prétexte à des réalisations qui toujours donnent à voir, à ressentir et à penser avec intensité.
Thunderbirds, de la sorte, prend la forme d’une suspension de boules en polyuréthane figurant les têtes de petits personnages monstrueux: leurs yeux s’éclairent au moyen de phares de moto, et leurs ailes battent au moyen d’essuie- glaces… Les œuvres de Grégory Grincourt, à l’instar de ces Thunderbirds, interactifs, se caractérisent par leur fréquente mise en relation avec le spectateur, et se veulent vivantes. Débordantes d’intensité, de bruit et de fureur, elles s’animent, provoquent leur alentour de toute leur configuration débridée, « hénaurme », pourrait-on dire.
Grégory Grincourt reprend là où il s’est arrêté le programme d’artistes tels que Jean Tinguely, Dieter Roth, Jason Rhoades ou encore Piero Gilardi: tous, plus que de raison mais non sans raison, ont vénéré en leur temps l’accumulation, l’activation, le jeu scénique et la relation incarnée et directe. Dit au plus simple, Grégory Grincourt est un sculpteur « cybernétique »: il agence dynamiquement formes et objets tridimensionnels dans l’espace. Il est aussi, toujours soucieux du contexte, un installateur doublé d’un incurable bricoleur, au sens noble de ce terme: celui qui combine, appareille des structures non forcément pensées au départ pour se marier ou fonctionner de concert.
Enfin, voyons en lui le parangon de l’ingénieur-artiste riche de sa pulsion à en rajouter sur le réel, et à faire de ses créations autant de formules « superfétatoires », selon ses termes. Ici, on complexifie, on cumule de multiples registres de références, on multiplie les entrechocs sans hésiter pour ce faire à recourir à la technologie la plus affûtée, de l’informatique au matériel d’ingénierie sonore et visuelle. L’art -autant dire l’expansion infinie de la forme, et la libre méthode.
Paul Ardenne
Paul Ardenne est historien, historien de l’art, commissaire d’exposition et écrivain.
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Thunderbirds, 2009, installation, mousse de polyuréthane, système de diffusion sonore, et éléments électriques automobiles.
Lʼoriginalité du travail de Grégory Grincourt tient à un mixte étrange de nature ou dʼarchaïsme, et de technologie. Ces créations sont des hybrides. Technologique, le système électronique qui fait sʼagiter les ailes des Thunderbirds au passage des visiteurs (on pense aussi aux Ford et Triumph).
Archaïque, lʼoiseau-tonnerre aux couleurs vives, oiseau amérindien mythique, totémique, qui envoie le tonnerre et la foudre en battant des ailes. Archaïques surtout, la peur et lʼeffroi du spectateur qui sursaute sous le chimérique volatile. Ainsi, le spectaculaire, obtenu par la maîtrise par lʼhomme de la mécanique et de lʼélectricité, nʼest efficace in fine, que parce que résiste et demeure cette terreur du tonnerre, de la foudre, des oiseaux de proie aux proportions gigantesques, même chez lʼultra sachant, raffiné et maîtrisé amateur dʼart contemporain…
Il nʼest donc pas question ici dʼun rapport archaïque et magique à la technique, ce serait un autre problème. Il est question de ce que la technique ne fait pas disparaître.
Emilie Bouvard
Emilie Bouvard est historienne de l’art, conservatrice du musée Picasso de Paris, commissaire d’exposition, directrice scientifique de la Fondation Giacometti.
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Catalogue « Teaser » Adver’s Club, exposition personnelle « HERO » Paris 2016:
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Le croire pour le voir
l’objet de l’art
L’art est la promesse que rien n’arrivera vraiment. La splendeur que l’on décèle est un instantané de chaque fois qui fut et qui ne sera plus jamais.
C’est bien au contraire que l’on pense quand on regarde un Rembrandt, une fresque de Giotto ou même un Frenhofer perdu. On croit dans l’éternité quand c’est d’immuable qu’il s’agit. Plus rien ici ne bouge que notre affolement à nous enfuir devant.On gesticule, on se débat, on rajoute une marque: histoire de ne pas avoir vécu pour rien. Ce qu’on pense être la trace du génie exhale l’odeur de la peur que des neurones transforment en excellents tourments. Sans doute n’y a t’il rien à espérer, rien à tenter et de ce fait plus rien à craindre. Tout va bien si rien n’a de sens. C’est une affaire de point de vue sur la géographie du monde. Il faut tenir la position d’être ici & maintenant sans se soucier de ce qu’on fut qui est irrémédiablement perdu ni de ce qu’on sera puisque l’on ne le sait pas. L’art sert peut-être à cela: à nous immobiliser, à nous dire calme-toi.
Qu’il soit ancien ou moderne, du Dimanche ou prestigieux n’a guère d’importance puisque c’est lui qui nous regarde dans le fond abîmé de nos âmes. Il est un mineur de creux qui, lui descelle à coups de marteaux et de colères nos scories d’innocence, morceaux ataviques d’instinct et de chair, pas la mémoire ou les souvenirs ni l’espoir ou le rêve d’être à demain. Mais la preuve incroyable que nous n’avons pas de Destin. Les femmes qui enfantent et les animaux qui réagissent le savent bien ; que c’est ici que ça se passe, et où que soit ici, que c’est maintenant que ça se vit, et quelque soit le temps qui passe. C’est là que réside l’espoir, ce qu’on pourrait appeler l’ignorance raisonnable de l’idiotie certaine. Peu d’artistes ont cette qualité de n’en avoir aucune. Ce serait bien d’y croire.
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Ne pas dire de gros mots (ou pas)
Il dégagea le ciel d’un clignement de cils. Forcément positionné devant le Ballon-dog de l’artiste Américain Jeff Koons il mitrailla les mille reflets qui le faisaient chanceler façon Tour de Pise ou se rouler en boule, ramassé et aplati gnocchi, crépinette ou beignet de crevette. Le clignement devenu cliquetis faisait le bruit caractéristique du clic-clac photographique de l’appareil numérique dont il s’était muni afin du Koons pénétrer la matière et peut-être le mystère. Cette simple occurrence de s’y voir reflété le plongeait dedans bien plus qu’elle ne le patchait sur sa surface: évanescent s’y dématérialisait alors que rien n’était aussi solide et dur que l’acier de chaudronnerie sur lequel il voulait tant cogner pour entendre Gong – Klung – Bling et Blang. En tous cas signifier à Jeff que NON il n’était plus tout seul et que lui, l’artiste français Grégory Grincourt, allait pénétrer le miroir et aplanir tout ça. Rentré chez lui se mit au travail: oh ce n’était pas compliqué. A l’aide d’une application basique qui kaléidoscopait les images il s’éclata façon puzzle jusqu’à recouvrer l’émotion dans ses yeux ébahis d’avoir mis en joue le DOG. Du territoire de Koons il ferait une nappe carte aux méandres doucereux et profilés ; Plus rien n’existerait que la grande surface pourpre dans laquelle il s’était évanoui et dissout, à moins qu’il ne s’y fut modifié parce qu’il s’en était mêlé comme parfois les enfants se taillent les bras pour être frères de sang.
Appelle-t’on cela de la facilité qu’aussitôt on se trompe: c’est d’évidence qu’il s’agit et de carte aux trésors. Les Body-kit de carrosserie automobile qu’il affectionne vraiment se switchent ici de Ford en Koons puis de Koons en Kunst Grincourt. Surtout ne pas craindre d’être basique, élémentaire parfois, primaire et Premier. N’avoir plus peur de tout ça, des concepts et du sérieux, des grattements de cerveau et des intentions de génie. Les autres font ce qu’ils veulent. Lui c’est Marcel qui dessine des vélos dans sa tête et Rimbaud leur montre à tous deux le chemin de l’enfer. « Fais ce que tu as à faire » Arthur lui dit-il « Mais fais le bien et n’insulte personne. C’est chic qu’il faut être et dire. Tu peux même ajouter un gros mot, si tu veux: Koons alors! ou nom d’un père Noël! Mais seulement si tu réussis. Ton cri de joie sera ton cri de guerre sur Terre. Tu quitteras le monde« .
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Wheeling on a armchair
Wheeling on a armchair est un ready-made nouvelle génération. Une roue avant de moto Kawasaki Ninja H2 dont les deux fourches chromées s’encastrent dans le cuir fauve de l’assise d’un fauteuil Swan, Arne Jacobsen 1960. Une brûlure de pneu abrase la belle peau d’une trace ripée.
Danseur à contre temps d’une valse à l’envers, l’artiste Grincourt bricole un new chef-d’oeuvre Legoïsé et contre conceptuel: son art de destruction massif contre l’ennui et le cynisme.
La roue sur tabouret de Marcel Duchamp, ready-made maigre et fantasmatique, héraut de l’ab-sens et de l’indécision, se transforme en design bibeloté du consumérisme artistique ayant en contre sens le lieu commun pour l’idéal. La critique est acerbe et la fulgurance, dérisoire:
Nouvelle Russie et Miami se désaltèrent d’une Vodka-Coca payée en Roubles-Dollars sur un comptoir de New-Delhi.
– Combien pour ça?
– 7000 pour le produire : pour l’acquérir c’est plus que ça.
– Combien? Insiste le collectionneur émergent.
– Le prix que tu mettras, répond l’artiste. C’est le bruit de ton enfance…
Tu l’estimes à combien?… Le souvenir de n’avoir pas été sérieux quand tu avais dix-sept ans.
Si ce n’était de l’innocence il faudrait du courage et de la témérité pour balafrer un tel objet; la certitude en tout cas que rien ne serait vain, qu’un malgré tout l’emporterait et que la blessure de la marque griffée (the Wheeling) serait la trace d’un exploit, autre chose que la cicatrice d’un coup d’éclat d’un artiste hooligan.
C’est très sérieux tout ça: la conviction et l’énergie, l’irrépressible devoir…
Patrice Leroy
Patrice Leroy est peintre, Professeur au Concept, Ecole des Beaux-arts de Calais.
Gregory Grincourt’s researches, which are literally experiments, intend to create spectacular experiences questioning our senses with lights, sounds and unlikely machineries….
The systems and interactions created between those various modules and devices make us question the freedom and the gratuitous of the artistic gesture. The mixing and hybridization made from popular culture, technical and advanced technologies, most of the time in collaboration with other artists, bring us a « do- it-yourself » that upset our cultural references, visual and sound, as well as our testosterone and adrenalin energized emotions.
With those modules, in constant redesign, improvement and customization, Gregory Grincourt invite us to think beyond basic entertainment by including the notion of context in which his artwork is presented.
Eric Rigollaud (English version)
Eric Rigollaud est graphiste et commissaire d’exposition. Président du Bureau d’art et de recherche, Roubaix.
BIO
https://laconditionpublique.com/gregory-grincourt
Dark side of the moon, In progress depuis 2011, techniques mixtes, dimensions variables.
L’accumulation d’objet manufacturé en plastique, simplement assemblé en fonction de leur potentiel formel, de leur concordance colorée, de leur plasticité pour ainsi dire, et doté d’un système d’éclairage interne, nous présente des luminaires au design étonnant, de la même manière que d’autres peuvent être proposés au consommateur dans n’importe quelle grande surface. Néanmoins, chacun sait que les objets en plastiques sont un véritable fléau pour la planète. On s’en, débarrasse à la volée, objet sans réelle valeur, issue de la consommation de masse. Ils se désagrègent très lentement et ne perdent absolument pas leur nocivité toxique une fois réduit en milliards de micro particules, qui hantent désormais l’ensemble des mers et des océans.
Thingummyjigs, 2020, techniques mixtes, dimensions variables.
Cette œuvre, inspirée des figures totémiques de l’Afrique et des divinités protectrices, opère un retournement de sens à partir de déchets automobiles. Elle présente en effet quatre faces d’insectes tératologiques, qui il n’y pas si longtemps finissaient leur course sur les pare-brises automobile, et malgré leur disparition vertigineuse (30% des insectes sont menacés de disparition, biological conservation, 2019), pourraient nous survivre, pour une partie d’entres eux. Par ailleurs, ces machines sonores nous renvoient à la pollution dont le trafic autoroutier fait preuve, tout autant en envahissant de grondements véhéments les espaces urbains comme ceux de la campagne, et finissant éparpillés aux quatre coins du monde. Comme chacun le sait, de la route à la décharge, il n’y a qu’un pas…
Bonne Année, 2020, pneu et polyuréthane, dimensions variables.
Good year, marque mythique américaine de pneu, ici renvoyée à la couronne de buis ou de houx suspendu lors des fêtes de fin d’année, nous souhaitant ironiquement une bonne année. On se souviendra des grèves violentes qui ont émaillés entre autres les usines françaises du groupe de 2007 à 2016. C’est aussi un cancer du pneu, une excroissance maladive qui enserre le caoutchouc et les fibres composites, et se déploie allègrement dans l’espace. Peut-être celle-ci ne s’arrête pas, est-elle en croissance infinie ? L’œuvre fait un clin d’œil paradoxal aux récifs coralliens qui eux aussi sont mis à mal par la pollution toujours plus étendue des océans, mais rappelle d’une part que ces polypes sont des superorganismes, formant les plus grandes structures crées par des organismes vivant et d’autre part que leurs actions de filtration de l’eau saline est essentielle à l’oxygénation des océans.
Freaky Food, 2020, impressions sur film adhésif rétro-éclairable sur caisson lumineux, dimensions variables.
C’est un jeu, chaque jour renouvelé à partir de la nourriture, pour faire rire son enfant, lui apporter un rapport ludique à l’alimentation, entre imaginaire et sustentation, auquel nombre d’entre nous se sont adonnés. Mais ici, le jeu prend une tournure particulièrement perverse, puisque les éléments proposés font référence à la junk food plus qu’à la grande gastronomie. On remarquera tout de même que les repas proposés sont presque toujours équilibrés, mais qu’ils sont néanmoins clairement issues de l’industrie de la bouffe, de la transformation à outrance des aliments à un tel point qu’ils sont totalement déconnectés des cycles naturels.
Bang Bang, 2016, série de 3 cibles de la gendarmerie nationale, impacts de fusil de précision FR-F1 sur papier.
Ces œuvres furent réalisées par un tireur délite du GIGN, placé à 250m de la cible. Il dessina à l’aide des balles, et sous l’impulsion de l’artiste, des smyle, l’émoticône la plus célèbre des internautes. Elles font référence au concept de violence légitime de l’état, pensée par Max Weber. Celle-ci peut être nécessaire pour protéger les populations. Mais protège t-on les populations lorsque les manifestations sociales sont le théâtre de dérapage de violence policière ? Peut-on vraiment légitimer l’usage d’armes non létales mais pour autant parfois particulièrement dévastatrice ? On ne compte plus les éborgnés, les mains arrachés, les traumatisme en tout genre. Et que dire que de savoir qu’un corps armé de l’état tout entier voué à la protection intérieure puisse être dotée d’une telle force de frappe à distance ? Une confusion des genres dira t-on…
Chicxulub 2, 2020, bois brulé,
plantes artificielles, ampoules LED, 2,80m x 5,30m.
Assisté de
Pascal Marquilly.
Œuvre réalisée lors d’une
résidence de création collective à la Condition publique qui a eu
lieu du 28 septembre au 16 octobre 2020. Les matériaux ont été
puisés localement au sein de l’atelier de la Halle C.
Le cratère de Chicxulub, situé
dans la péninsule du Yucatán au Mexique présente un diamètre
d’environ 180 km. Provoqué par la chute d’un corps céleste
libérant une énergie estimée à 5 milliards de fois la bombe
atomique d’Hiroshima, il est le vestige d’une catastrophe
naturelle survenue il y a environ 66 millions d’années. Cette
dernière est considérée comme étant probablement l’événement
majeur ayant provoqué une chute brutale de la biodiversité sur
terre, et notamment la disparition rapide des dinosaures, marquant la
fin du Crétacé. Ceux-ci connurent pour autant une évolution
considérable durant près de 170 millions d’années et fascinent
aujourd’hui plus que jamais les publics ; la reconstitution
des squelettes de ces colosses dans les musées d’histoire
naturelle étant une attraction majeure. Un squelette de
Tyrannosaurus rex, nommé Stan, fut d’ailleurs vendu à un
particulier, lors d’une vente aux enchères chez Christie’s à
New York le 6 octobre 2020, pour la modique somme de 31,8 millions de
dollars. Qu’une personne puisse s’arroger, par un chèque aussi
conséquent soit-il, une partie du patrimoine de l’histoire du
vivant sur Terre posera autant de questions que les reproductions de
dinosaures en plastique emplissant les coffres de nos bambins, comme
autant d’appropriation d’un monde révolu, dont en fait on ne
connaît pas grand-chose. Cette œuvre, présentant un squelette
modélisé et brûlé, inspirée des maquettes 3D, suggère peut-être
que nous devrions reconsidérer notre rapport aux rares connaissances
portant sur le vivant que nous glanons ici et là, et dont on limite
trop souvent la portée à leurs simples représentations, plutôt
que d’en penser les interconnections nombreuses avec notre présence
sur Terre.
Hellmet, in progress depuis
2015, technique mixte, dimensions variables.
Voilà une
collection d’entités improbables et naturalisées, toutes plus
customisées les unes que les autres, présentées comme l’on
présente les massacres, d’ordinaires cerfs, sangliers, lions,
tigres, comme autant de trophées ou d’ornements rappelant les
heures de gloire d’une chasse à courre ou d’un safari rondement
mené. Pour autant, ici les figures nous faisant face semblent
indéniablement nous observer d’un autre temps, peut-être très
ancien ou peut-être futuriste ? On pensera rapidement à la pop
culture japonaise, entre autres les séries improbables présentant
des héros post apocalyptique, comme San Ku Kaï, X-Or, Kyojuu
Tokusou Juspion, Ultraman, Bioman, etc., mais aussi, et évidemment,
à Godzilla ou autres Kaijū, forces de la nature devant laquelle
l’Homme est désarmé. On pensera aussi aux gangs de motards
japonais sévissant dans les années 70, les Bōsōzoku qui
modifiaient largement leurs motos et sévissaient surtout sur les
routes, selon un code strict, pour éprouver la vitesse et se
confronter au risque et à la mort. Malgré ces références, cette
œuvre expose une poésie de l’assemblage et du collage, emprunt
certes de cultures populaires, mais exposant des prosôpon (Masque et
visage, lire à propos le livre de Françoise Frontisi-Ducroux, Du
masque au visage, aspect de l’identité en Grèce ancienne),
indéniablement divins dont on ne peut se saisir, ni y croire à
proprement parler, seulement se laisser dominer par une sensation
enfantine de vouloir en faire autant !
Pascal Marquilly (Dans le cadre de l’exposition Ibant Obscuri)